CULTURE

Vers la Reconnaissance Mondiale de la Cassave Haïtienne : Une Fierté Nationale en Construction

La cassave haïtienne, symbole séculaire de la culture et de l’identité culinaire nationale, s'apprête à franchir une étape décisive : son inscription au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Ce produit, à la fois simple et riche de significations, est le reflet de l’histoire, des savoir-faire traditionnels et de la résilience économique d’Haïti. À l’instar de la soupe joumou, déjà reconnue par l’institution, la cassave s’affirme comme une expression essentielle du patrimoine haïtien, méritant une visibilité accrue et une préservation active. L’importance d’une reconnaissance par l’UNESCO L'inscription d’un élément au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO dépasse le cadre symbolique. Elle confère un statut protecteur et un rayonnement international qui favorisent la valorisation des pratiques et des savoir-faire associés. Pour la cassave, une telle reconnaissance ne se limiterait pas à préserver un aliment : elle consoliderait une partie intégrante de l’identité culturelle haïtienne tout en attirant l’attention du monde sur son importance socio-économique. Cette démarche offrirait des perspectives multiples : 1. Préservation du patrimoine : Les savoirs liés à la production artisanale du cassave, transmis de génération en génération, bénéficieraient d’un appui institutionnel favorisant leur pérennisation. 2. Promotion économique : Une visibilité accrue encouragerait l’exportation de produits dérivés de la cassave sur les marchés internationaux, répondant à la demande croissante pour des aliments naturels et sans gluten. 3. Renforcement identitaire : Comme la soupe "joumou", la cassave deviendrait un élément fédérateur, valorisant la richesse de la culture haïtienne au niveau global. Un héritage enraciné dans l’histoire haïtienne La cassave, ou kasav, tire ses origines des pratiques alimentaires des Tainos, premiers habitants de l'île d’Haïti. Ces galettes, élaborées à partir de racines de manioc, témoignent d’un savoir-faire ancestral toujours vivant. Dans les zones rurales, les techniques de transformation — râpage, extraction de l’amidon, cuisson — sont restées fidèles à cette tradition. En plus de son rôle dans l’alimentation, la cassave s’inscrit dans une dimension culturelle plus large. Il est souvent associé à des rassemblements communautaires, des célébrations et des pratiques agricoles locales. Sa production incarne une solidarité et une économie circulaire, où chaque étape mobilise les membres d'une communauté. La contribution économique et sociale de la cassave Au-delà de son rôle culinaire, la cassave constitue une ressource stratégique pour l'économie haïtienne. En Haïti, de nombreux producteurs, comme M. Gabriel Émile un habitant de Carrefour, dépendant de sa transformation et de sa commercialisation. La production artisanale de cassave génère des emplois directs et indirects, permettant à des familles de subvenir à leurs besoins. En exportant davantage, Haïti pourrait également exploiter le potentiel commercial de la cassave sur les marchés mondiaux. Les galettes, farines et produits transformés à base de manioc répondent à une demande internationale pour des produits sains, naturels et issus de pratiques durables. Cette expansion permettrait de renforcer l’économie rurale, de diversifier les exportations haïtiennes et de réduire la dépendance aux importations alimentaires. Une militante du patrimoine : Dominique Dupuy La reconnaissance internationale de la cassave doit beaucoup au travail acharné de figures comme Dominique Dupuy, ancienne ministre. Déjà à l’origine du succès de l’inscription de la soupe "joumou" au patrimoine immatériel de l’UNESCO, Madame Dupuy a démontré une capacité exceptionnelle à mobiliser les institutions locales et internationales autour des trésors culturels haïtiens. Sous son impulsion, des dossiers structurés ont permis de mettre en lumière les valeurs historiques, sociales et économiques de la cassave. Madame Dupuy a également œuvré à sensibiliser les producteurs locaux et les consommateurs à l'importance de préserver ce patrimoine. Son engagement dépasse les sphères administratives pour inclure un plaidoyer actif auprès des organisations culturelles internationales. Un aliment aux multiples vertus La cassave, souvent perçu comme une simple galette de manioc, cache une richesse nutritionnelle insoupçonnée. Source importante de glucides complexes, il offre une énergie durable adaptée aux besoins des populations rurales. En outre, il contient des fibres, des vitamines (B6, C) et des minéraux tels que le potassium et le zinc, qui renforcent le métabolisme et la santé cardiovasculaire. Sa faible teneur en gluten et son rôle dans la régulation de la glycémie en font également un produit prisé des consommateurs modernes à la recherche d’alternatives naturelles et saines. Une opportunité pour l’avenir d’Haïti L'inscription de la cassave au patrimoine mondial serait une victoire non seulement pour les producteurs locaux, mais aussi pour l’ensemble de la nation haïtienne. En soutenant le développement des infrastructures de production, en formant les producteurs et en ouvrant les marchés internationaux, cette reconnaissance pourrait transformer la cassave en un levier stratégique pour le développement durable d'Haïti. De nombreuses initiatives locales, soutenues par des organismes comme l’Institut National de Sauvegarde du Patrimoine Culturel (INSICO), travaillent déjà à structurer cette filière, à moderniser les outils de production et à organiser des campagnes de promotion. Un symbole de résilience nationale Dans un contexte où les défis économiques et sociaux sont nombreux, la cassave s’impose comme un symbole de résilience et de fierté. La reconnaissance de l’UNESCO viendrait renforcer ce rôle, offrant à Haïti une vitrine mondiale pour son patrimoine culinaire. En faisant rayonner ce produit sur la scène internationale, Haïti réaffirme son rôle en tant que gardienne d’une culture riche et diversifiée, ancrée dans une histoire unique et tournée vers un avenir prometteur. L'inscription de la cassave ne serait pas seulement un honneur pour Haïti, mais aussi un témoignage de l’importance de préserver et de promouvoir les traditions alimentaires en tant que vecteurs de développement global.

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Journée Mondiale contre le Cancer : Un Combat Collectif contre une Maladie Dévastatrice Le 4 février de chaque année, le monde entier se mobilise pour marquer la Journée mondiale contre le cancer, une initiative lancée par l'Union Internationale contre le Cancer (UICC). Cette journée a pour but de sensibiliser le public sur la prévention, le traitement et la lutte contre cette maladie qui touche des millions de personnes à travers le monde. En 2025, Haïti, tout comme le reste du monde, s’associe à cette cause afin de briser le silence, soutenir les patients et encourager les actions de prévention. Qu'est-ce que le Cancer ? Le cancer est un terme générique qui désigne un ensemble de maladies caractérisées par une croissance incontrôlée de cellules anormales dans le corps. Ces cellules peuvent se diviser de manière excessive et former des tumeurs, qui peuvent ensuite envahir d'autres parties du corps, un processus connu sous le nom de métastase. Chaque type de cancer est différent en fonction de l'endroit où il commence dans le corps et de la manière dont il évolue. Par exemple, le cancer du sein, le cancer du poumon, le cancer colorectal et le cancer de la prostate sont parmi les formes les plus courantes. Le cancer peut toucher n’importe quelle partie du corps, ce qui rend son diagnostic et son traitement complexes. Origines et Découverte du Cancer Le cancer est une maladie qui existe depuis l’Antiquité. Le premier enregistrement du cancer remonte à environ 3000 ans avant J.-C., dans des documents médicaux égyptiens, qui évoquaient des tumeurs et des ulcères qui semblaient avoir un lien avec des maladies du sein. Cependant, le terme « cancer » provient du médecin grec Hippocrate (460-370 avant J.-C.), qui l’a nommé ainsi en raison de l’apparence des tumeurs, ressemblant à un crabe, avec des vaisseaux sanguins qui s’étendaient comme des pattes de crabe. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard, au 19e siècle, que les progrès dans la recherche scientifique ont permis de mieux comprendre les mécanismes biologiques de la maladie, grâce notamment au travail de pathologistes comme Rudolf Virchow, qui a découvert que le cancer se développe à partir de cellules du corps humain. Les Différents Types de Cancer Il existe plus de 100 types de cancers différents, chacun ayant ses propres caractéristiques et traitements. Certains des plus fréquents incluent : - Cancer du sein : Le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes, qui touche les cellules du sein. - Cancer du poumon : Souvent lié au tabagisme, il est l’un des cancers les plus mortels. - Cancer colorectal : Un cancer qui touche le côlon ou le rectum, très courant dans les sociétés modernes. - Cancer de la prostate : Affecte principalement les hommes âgés, se développant dans la glande de la prostate. - Leucémie : Un cancer du sang qui affecte les cellules de la moelle osseuse. - Lymphome : Cancer des ganglions lymphatiques, partie du système immunitaire. Comment Attrape-t-on le Cancer ? Il est important de préciser que le cancer n’est pas une maladie contagieuse. Les facteurs qui contribuent au développement du cancer sont multiples, mais peuvent être classés en deux grandes catégories : génétiques et environnementaux. - Facteurs génétiques : Certaines personnes ont des prédispositions génétiques qui les rendent plus susceptibles de développer certains types de cancer. Ces facteurs sont hérités de leurs parents. - Facteurs environnementaux : Parmi les principales causes environnementales du cancer, on trouve l'exposition à des substances cancérigènes, comme le tabac, l’alcool, les produits chimiques industriels, les radiations, ainsi que des infections virales comme le virus HPV (papillomavirus humain) ou le virus de l'hépatite B et C. D’autres facteurs de risque incluent une mauvaise alimentation, un manque d’activité physique, le stress, et une exposition excessive au soleil. Supporter un Proche Atteint du Cancer Le diagnostic de cancer est une épreuve difficile, tant pour la personne touchée que pour ses proches. Apporter du soutien à quelqu’un qui souffre du cancer est crucial pour son moral et son bien-être. Voici quelques conseils pour être un bon soutien : 1. Écouter avec empathie : Parfois, le meilleur soutien est simplement de prêter une oreille attentive. Laissez la personne parler de ses craintes et de ses besoins. 2. Encourager les traitements médicaux : Encouragez la personne à suivre son plan de traitement et à maintenir une communication avec ses médecins. 3. Aider dans les tâches quotidiennes : Les personnes atteintes de cancer peuvent être fatiguées et affaiblies par les traitements. Offrir de l’aide dans les tâches ménagères ou les courses peut être d’un grand secours. 4. Être présent sans être intrusif : L’équilibre entre offrir de l'aide et respecter l'espace de la personne est essentiel. 5. Offrir des ressources : Renseignez-vous sur des groupes de soutien, des aides financières ou des conseils pratiques pour alléger les aspects logistiques du traitement. Les Actions que l’État Haïtien Doit Prendre pour Soutenir les Personnes Atteintes de Cancer Le cancer reste un problème de santé publique majeur en Haïti. L’État haïtien doit prendre des mesures pour améliorer le diagnostic, le traitement et le soutien aux patients. Parmi les actions nécessaires : 1. Renforcer les infrastructures médicales : Investir dans des équipements de diagnostic et des centres de traitement du cancer accessibles dans les grandes villes et zones rurales. 2. Former des professionnels de santé spécialisés : Offrir une formation spécialisée en oncologie pour les médecins, les infirmiers et autres professionnels de santé afin de renforcer les compétences locales dans la lutte contre le cancer. 3. Améliorer l’accès aux traitements : Mettre en place des politiques de santé publique qui rendent les médicaments et les traitements anticancéreux accessibles à un plus grand nombre de personnes, notamment en subventionnant les traitements coûteux. 4. Sensibiliser le public : Lancer des campagnes de prévention sur les risques de cancer et les comportements préventifs à adopter (stop au tabac, lutte contre l’alcoolisme, etc.). Le Rôle des Groupes Sociaux dans l'Éducation et la Sensibilisation Les groupes sociaux jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation au cancer, surtout dans des sociétés où les connaissances médicales sont limitées. Voici quelques stratégies que les groupes sociaux peuvent adopter pour éduquer la population : 1. Organiser des ateliers communautaires : Des ateliers d’éducation à la santé, dirigés par des professionnels de la santé ou des ONG, peuvent aider à mieux comprendre les facteurs de risque et les signes précoces du cancer. 2. Utiliser les réseaux sociaux et les médias : Diffuser des informations précises et fiables sur le cancer via les réseaux sociaux, la télévision, et la radio afin d’atteindre un large public. 3. Mettre en place des campagnes de dépistage : Encourager les femmes à se faire dépister pour le cancer du sein et les hommes pour le cancer de la prostate. 4. Collaborer avec des institutions médicales : Travailler avec des hôpitaux, des médecins et des chercheurs pour organiser des événements de sensibilisation et des journées de dépistage gratuites ou à prix réduit. Conclusion La lutte contre le cancer nécessite un effort collectif et un soutien constant. Chaque acteur, qu’il soit un membre de la famille, un professionnel de santé, le gouvernement ou une organisation de la société civile, joue un rôle clé dans cette lutte. À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, engageons-nous à sensibiliser, soutenir et aider ceux qui sont confrontés à cette maladie afin de faire avancer la recherche, améliorer l’accès aux soins et offrir un espoir aux malades.

Journée mondiale du SIDA : Agir malgré l'insécurité pour bâtir un avenir inclusif et solidaire

L’insécurité : un frein à la santé publique En Haïti, les violences quotidiennes et les déplacements forcés dans les zones contrôlées par des gangs exacerbent la vulnérabilité des populations. De nombreux citoyens hésitent à se rendre dans les hôpitaux par crainte d’agressions ou d’enlèvements. Cette situation prive les malades de traitements essentiels et pousse des milliers de personnes à vivre avec le VIH sans dépistage ni suivi médical. Ce contexte soulève une question urgente : comment l’État peut-il garantir un accès sécurisé aux soins pour les populations vulnérables ? L’urgence d’une réponse étatique L'État haïtien a la responsabilité d’agir pour protéger ses citoyens et favoriser l’accès aux infrastructures médicales. Des solutions comme la sécurisation des centres de santé, le déploiement de cliniques mobiles et des campagnes d’information adaptées aux zones à risque sont essentielles pour limiter l’impact de l’insécurité sur la santé publique. Le VIH/SIDA n’est pas qu’un défi médical : c’est aussi une question de justice sociale et d’égalité des droits. Accéder aux soins et aux traitements doit rester un droit fondamental, peu importe le contexte. Des raisons d’espérer : des progrès et des solutions Malgré ces défis, les avancées scientifiques offrent un message d’espoir. Les traitements antirétroviraux, disponibles gratuitement dans plusieurs centres haïtiens comme ceux du GHESKIO, permettent aux personnes séropositives de vivre longtemps et en bonne santé. Ces progrès s’accompagnent d’initiatives locales visant à réduire la stigmatisation. Prenons l’exemple d’un programme communautaire à Cité Soleil, où des équipes sensibilisent les jeunes sur l’importance du dépistage et distribuent des préservatifs, tout en créant des espaces de dialogue pour casser les tabous. Ces actions montrent que l’éducation et la solidarité sont des piliers essentiels dans cette lutte. Prévenir, soigner et sensibiliser Pour freiner la propagation du VIH, il est impératif de : Renforcer la prévention : promouvoir l’utilisation des préservatifs et le dépistage précoce. Éduquer les communautés : combattre les mythes sur le VIH par des campagnes adaptées. Assurer la continuité des soins : multiplier les partenariats entre l’État, les ONG et les organisations internationales. Un appel à la mobilisation collective En cette Journée mondiale du SIDA, il est temps de réaffirmer un engagement collectif : garantir un accès équitable aux soins, protéger les populations à risque et promouvoir une société inclusive, sans stigmatisation ni discrimination. Le message est clair : se protéger, c’est se respecter, et accéder aux soins, c’est vivre. L’État haïtien, les organisations internationales et les citoyens ont un rôle clé à jouer. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où le VIH/SIDA n’est plus une condamnation, mais un défi surmonté avec courage et solidarité.

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Politique

Gouvernance multi-niveaux et décentralisation en Haïti : enjeux, défis et perspectives

La gouvernance multi-niveaux (GMN), c’est un peu comme le fil invisible qui relie tous les échelons de l’administration, du national au local. C’est l’idée que la gestion publique ne peut pas être l’affaire d’un seul centre de pouvoir, mais qu’elle gagne à être partagée, coordonnée et pensée de manière complémentaire. Chaque niveau, qu’il soit national, départemental ou communal, a ses responsabilités, ses défis et ses forces. Lorsqu’on réussit à les articuler correctement, les décisions deviennent plus proches de la population, plus cohérentes et surtout plus efficaces. La décentralisation, quant à elle, complète parfaitement ce tableau. Elle consiste à transférer certaines compétences et ressources de l’État central vers les collectivités territoriales pour que les décisions se prennent là où elles auront le plus d’impact. En Haïti, cette question est loin d’être théorique. Pendant des décennies, le pouvoir a été fortement centralisé à Port-au-Prince, laissant beaucoup de communes et de sections communales à l’écart des décisions qui les concernent directement. Cela a créé des frustrations, des inégalités territoriales et une faible confiance envers les institutions publiques. Aujourd’hui, la nécessité d’une gouvernance multi-niveaux efficace est plus urgente que jamais. Le pays fait face à des défis multiples : crises économiques, catastrophes naturelles, migrations internes, insécurité et besoins croissants en services sociaux et infrastructurels. Dans ce contexte, une coordination claire entre l’État central et les collectivités locales n’est plus un luxe : c’est une urgence. Les décisions prises au sommet doivent refléter les réalités locales, et les acteurs locaux doivent pouvoir agir avec autonomie et responsabilité. La GMN n’est pas seulement une mécanique administrative : c’est un véritable levier pour redonner du pouvoir aux citoyens, stimuler leur participation, et favoriser le développement local. Quand elle est bien appliquée, elle crée un cercle vertueux : les communautés prennent part aux décisions qui façonnent leur quotidien, les projets locaux répondent aux besoins réels, et la transparence envers les institutions devient une norme et non une exception. Pour Haïti, cela représente une occasion unique de rapprocher gouvernance et citoyenneté, d’ouvrir la voie à des actions concrètes et à un développement plus inclusif et durable. En bref, comprendre la gouvernance multi-niveaux et son lien avec la décentralisation, c’est comprendre comment transformer la vie des Haïtiennes et des Haïtiens, en faisant de chaque commune un acteur capable de contribuer activement au développement national. Comprendre la Gouvernance Multi-niveaux Pour bien saisir ce qu’est la gouvernance multi-niveaux (GMN), il faut d’abord comprendre qu’elle n’est pas un simple jargon administratif, mais un véritable cadre qui permet aux institutions et aux citoyens de dialoguer, de collaborer et de décider ensemble, à différents échelons. La GMN repose sur quelques principes fondamentaux : la coordination, la subsidiarité et la répartition claire des responsabilités. La coordination implique que chaque niveau de gouvernance – national, régional ou local – ne fonctionne pas en vase clos. Les politiques nationales et les stratégies locales doivent se compléter, et non se contredire. En Haïti, cela signifie que les initiatives gouvernementales doivent tenir compte des réalités spécifiques de chaque département et de chaque commune, et que les acteurs locaux doivent être en mesure d’apporter leur expertise et leurs connaissances du terrain. La coordination ne se limite pas aux administrations : elle inclut aussi la société civile, les organisations communautaires et, idéalement, le secteur privé. Le principe de subsidiarité est tout aussi essentiel. Il s’agit de décider au niveau le plus proche possible des citoyens, là où l’action peut être la plus efficace. Dans un pays comme Haïti, avec une diversité géographique et sociale importante, appliquer la subsidiarité signifie que les communes et sections communales ont la capacité de prendre des décisions sur des questions locales sans attendre que tout vienne de Port-au-Prince. Cela valorise l’autonomie locale et permet des réponses rapides et adaptées aux besoins réels des populations. Enfin, la répartition claire des responsabilités est indispensable pour éviter les chevauchements, les doublons et la confusion qui minent souvent l’efficacité administrative. Chaque niveau de gouvernance sait ce qui relève de son rôle, de ses ressources et de ses obligations. Cela crée un cadre où l’État central conserve la vision stratégique et les fonctions régulatrices, tandis que les niveaux intermédiaires et locaux mettent en œuvre les politiques et répondent aux préoccupations concrètes des citoyens. Pour mieux visualiser cela, on peut distinguer trois niveaux principaux : 1) Le niveau national : C’est le centre stratégique de la gouvernance. Il définit les grandes orientations politiques, les lois et les réglementations, et assure la coordination générale. Le niveau national reste le garant de la cohérence et de l’unité de l’action publique sur l’ensemble du territoire. 2) Le niveau régional ou départemental : Il joue un rôle d’interface. Ce niveau coordonne les politiques nationales et les adapte aux réalités locales. Il facilite la communication entre l’État central et les communes, et supervise la mise en œuvre des programmes tout en appuyant les capacités locales. 3) Le niveau communal et section communale : C’est là que la gouvernance touche directement la vie quotidienne des citoyens. Les communes et sections communales gèrent les services locaux, planifient des projets de développement et représentent la voix des populations. Elles sont les lieux où la participation citoyenne peut s’exprimer pleinement et où la subsidiarité prend tout son sens. Les avantages d’une telle approche sont nombreux et profonds. Une gouvernance multi-niveaux permet :  Une meilleure coordination entre les échelons de décision, limitant les conflits et optimisant l’utilisation des ressources.  L’application concrète du principe de subsidiarité, qui rapproche la prise de décision de ceux qui en bénéficient réellement.  Une répartition claire des responsabilités, offrant à chaque acteur un cadre précis d’action et réduisant les zones d’ombre institutionnelles.  Une plus grande participation citoyenne, car les habitants comprennent mieux où et comment leurs voix peuvent influencer les décisions.  Une meilleure réactivité face aux crises, grâce à une délégation de pouvoir qui permet d’agir rapidement au niveau local sans attendre des directives centralisées. En Haïti, comprendre et mettre en œuvre la GMN, ce n’est donc pas seulement un exercice académique. C’est réinventer la manière dont l’État interagit avec ses citoyens, créer des ponts entre les centres de décision et les communautés, et surtout, poser les bases d’une gouvernance qui est à la fois stratégique, inclusive et profondément humaine. La GMN n’est pas parfaite en théorie, et sa mise en œuvre comporte des défis, mais elle offre une feuille de route précieuse pour transformer la décentralisation en un véritable moteur de développement. Décentralisation en Haïti : état des lieux Pour parler de décentralisation en Haïti, il faut d’abord plonger dans l’histoire récente du pays, comprendre les textes qui encadrent les collectivités territoriales et observer ce qui a été accompli – mais aussi ce qui reste à améliorer. La décentralisation, dans son esprit, vise à rapprocher le pouvoir des citoyens et à donner aux communes et sections communales la capacité d’agir directement sur leur développement. La décentralisation en Haïti a été progressivement formalisée à travers des lois organiques et décrets qui définissent l’organisation, les compétences et le fonctionnement des collectivités territoriales. Ces textes établissent les communes comme la pierre angulaire de la gouvernance locale, avec à leur tête des conseils municipaux et des exécutifs locaux chargés de la planification et de la gestion des services publics. Les sections communales, plus petites unités administratives, permettent une proximité directe avec la population, en gérant l’état civil, la voirie locale ou encore des initiatives communautaires. Ces cadres juridiques reflètent une volonté claire de l’État de transférer des responsabilités aux niveaux locaux, tout en maintenant un équilibre entre autonomie et cohérence nationale. Malgré les nombreux défis, certains progrès sont tangibles. L’établissement de conseils municipaux élus et la tenue d’élections locales régulières ont renforcé la légitimité des instances locales et permis une participation citoyenne accrue. Dans certaines communes, des initiatives locales de développement – qu’il s’agisse de projets éducatifs, de micro-entreprises communautaires ou d’améliorations de l’infrastructure – montrent que lorsque les collectivités disposent des moyens et de l’autonomie, elles peuvent répondre efficacement aux besoins locaux. Ces succès, même s’ils sont encore partiels, illustrent le potentiel énorme de la décentralisation pour transformer la vie des communautés. Pourtant, le chemin reste semé d’embûches. La mise en œuvre de la décentralisation est souvent entravée par des chevauchements institutionnels, des conflits de compétences entre le niveau central et les communes, et un manque de coordination entre les différentes strates de l’administration. À cela s’ajoute un manque criant de moyens financiers et humains pour les collectivités, qui limite leur capacité à planifier et exécuter des projets locaux. Enfin, la faible capacité technique et organisationnelle des équipes locales constitue un frein supplémentaire, rendant difficile la traduction des textes légaux en actions concrètes et efficaces. En résumé, la décentralisation en Haïti est un processus en marche, marqué à la fois par des acquis encourageants et par des défis structurels majeurs. Comprendre ces réalités est essentiel pour envisager des stratégies qui permettront de renforcer l’efficacité de la gouvernance locale et d’exploiter pleinement le potentiel des communes et sections communales. La question n’est plus de savoir si la décentralisation est nécessaire, mais comment la faire fonctionner vraiment pour les citoyens, en alliant cadre légal, moyens adéquats et coordination intelligente entre tous les niveaux de gouvernance. Importance de la GMN pour la décentralisation La gouvernance multi-niveaux n’est pas qu’une théorie abstraite : elle est un levier puissant pour transformer la décentralisation en action concrète, capable d’améliorer la vie des communautés haïtiennes à plusieurs niveaux. Ses bénéfices touchent autant la planification et la prise de décision locale que la participation citoyenne et la cohésion sociale. Grâce à la GMN, les communes et sections communales peuvent anticiper, organiser et prioriser leurs projets en fonction des besoins réels de leurs populations. Les décisions ne viennent plus uniquement d’un centre éloigné : elles sont construites avec une connaissance fine du terrain. Par exemple, une commune confrontée à des inondations saisonnières peut planifier ses infrastructures, sa gestion de l’eau et ses programmes de prévention en concertation avec les départements concernés et le gouvernement central. Cette coordination évite les doublons et permet d’optimiser les initiatives locales. Quand chaque niveau de gouvernance connaît clairement ses rôles et ses limites, la transparence devient plus naturelle. Les citoyens peuvent suivre qui fait quoi et demander des comptes aux responsables concernés. Les conseils municipaux et exécutifs locaux, par exemple, savent que leurs actions sont visibles et évaluables, ce qui incite à plus de rigueur et d’intégrité. La GMN favorise donc une culture de la responsabilité, où les erreurs peuvent être corrigées rapidement et où la confiance entre les institutions et la population peut se reconstruire progressivement. Meilleure allocation des ressources et efficacité dans la prestation des services publics Une gouvernance multi-niveaux efficace permet de distribuer les ressources de façon stratégique, en fonction des besoins réels et des priorités locales. Les budgets, le matériel et le personnel peuvent être orientés là où ils ont le plus d’impact. Cela se traduit par une meilleure gestion des services essentiels – santé, éducation, infrastructures, sécurité – et par une réduction des gaspillages liés à une centralisation excessive. L’efficacité n’est plus théorique : elle devient perceptible dans le quotidien des citoyens. Enfin, la GMN ouvre la porte à une vraie démocratie locale. Les habitants ne sont plus de simples spectateurs : ils deviennent des acteurs, capables de s’impliquer dans la définition des projets, le suivi des initiatives et l’évaluation des résultats. Cette participation renforce le sentiment d’appartenance, stimule l’engagement civique et favorise la cohésion sociale. Dans un pays comme Haïti, où la confiance envers les institutions est fragile, cette dimension est cruciale : elle transforme la gouvernance en un espace de dialogue et de coopération, et pas seulement en un ensemble de règles et de structures administratives. En somme, la gouvernance multi-niveaux n’est pas un luxe bureaucratique. C’est un outil concret pour rendre la décentralisation efficace, inclusive et durable, en rapprochant la décision de ceux qui vivent ses effets au quotidien, en améliorant la transparence et en stimulant la participation citoyenne. Elle offre une perspective où chaque niveau de gouvernance, du national au local, trouve sa place et contribue à bâtir un développement territorial plus juste et plus solide. « La gouvernance multi-niveaux, ce n’est pas seulement une question de lois ou de budgets : c’est une manière de donner du pouvoir réel aux communautés pour qu’elles prennent leur destin en main. Quand les différents niveaux se parlent et travaillent ensemble, les résultats se voient dans la vie quotidienne des citoyens. » — Jean Renol Élie, sociologue et expert en gouvernance locale Défis et perspectives pour Haïti La gouvernance multi-niveaux n’est pas seulement une idée de gestion publique : c’est un outil essentiel pour transformer la décentralisation en réalité concrète et efficace. Tout au long de cet article, nous avons vu comment la GMN permet d’articuler clairement les rôles des différents niveaux de l’administration, de rapprocher la prise de décision des citoyens, d’améliorer la transparence et la responsabilité, et de renforcer la participation et la cohésion sociale. En Haïti, où la centralisation a longtemps limité l’action locale, la GMN représente une véritable opportunité de réinventer la manière dont l’État interagit avec ses communautés. Pour que cette opportunité se concrétise, il ne suffit pas de reconnaître la valeur de la GMN : il faut agir concrètement. Cela implique de soutenir les communes et sections communales avec des moyens financiers et humains adaptés, de renforcer leurs capacités techniques et organisationnelles, et de créer des mécanismes de coordination efficaces entre tous les échelons de gouvernance. C’est aussi encourager la participation citoyenne, favoriser les initiatives locales et adopter des solutions innovantes, qu’elles soient numériques, partenariales ou institutionnelles. En somme, renforcer la gouvernance locale n’est pas un luxe, c’est un impératif pour le développement durable et inclusif du pays. Chaque citoyen, chaque acteur institutionnel et chaque collectivité territoriale a un rôle à jouer pour construire une Haïti où les décisions sont prises là où elles comptent le plus, où les ressources sont utilisées judicieusement, et où le développement profite à tous. La gouvernance multi-niveaux offre ce cadre : il reste à nous engager collectivement pour qu’elle devienne une réalité tangible et bénéfique pour tous. La gouvernance multi-niveaux n’est pas seulement une idée de gestion publique : c’est un outil essentiel pour transformer la décentralisation en réalité concrète et efficace. Tout au long de cet article, nous avons vu comment la GMN permet d’articuler clairement les rôles des différents niveaux de l’administration, de rapprocher la prise de décision des citoyens, d’améliorer la transparence et la responsabilité, et de renforcer la participation et la cohésion sociale. En Haïti, où la centralisation a longtemps limité l’action locale, la GMN représente une véritable opportunité de réinventer la manière dont l’État interagit avec ses communautés. Pour que cette opportunité se concrétise, il ne suffit pas de reconnaître la valeur de la GMN : il faut agir concrètement. Cela implique de soutenir les communes et sections communales avec des moyens financiers et humains adaptés, de renforcer leurs capacités techniques et organisationnelles, et de créer des mécanismes de coordination efficaces entre tous les échelons de gouvernance. C’est aussi encourager la participation citoyenne, favoriser les initiatives locales et adopter des solutions innovantes, qu’elles soient numériques, partenariales ou institutionnelles. En somme, renforcer la gouvernance locale n’est pas un luxe, c’est un impératif pour le développement durable et inclusif du pays. Chaque citoyen, chaque acteur institutionnel et chaque collectivité territoriale a un rôle à jouer pour construire une Haïti où les décisions sont prises là où elles comptent le plus, où les ressources sont utilisées judicieusement, et où le développement profite à tous. La gouvernance multi-niveaux offre ce cadre : il reste à nous engager collectivement pour qu’elle devienne une réalité tangible et bénéfique pour tous.

Date : 03-Sep-2025
Auteur : Carla PAULINICE
Actualité

Justice : Des organisations de la société civile réclament la libération du magistrat Marky Kessa dans le dossier Jovenel Moïse

Port-au-Prince, 21 août 2025 – Alors que le dossier de l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse reste enlisé dans des lenteurs judiciaires et sous le regard attentif de l’opinion publique, plusieurs organisations syndicales et de la société civile du Sud-Est et du Grand Sud viennent d’adresser une correspondance officielle aux membres de la Cour d’Appel de Port-au-Prince. Leur objectif : demander la libération du magistrat Marky Kessa, maire de Jacmel, cité dans l’affaire mais dont, selon elles, aucune preuve tangible ne confirme l’implication. Dans cette lettre signée par la Table de Concertation des Organisations Syndicales et de la Société Civile du Sud-Est, accompagnée de plusieurs structures locales dont la FEDEC, l’OBSC, RESANS, Organisation Ansanm et le Mouvement Jeunesse Sud-Est, les signataires affirment qu’« aucune accusation formelle ne fait mention de l'implication du Magistrat Marky Kessa » et qu’« aucun témoin n’a attesté de sa participation directe ou indirecte » dans l’assassinat du chef de l’État survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Pour ces organisations, la détention prolongée du maire de Jacmel ne repose sur aucun élément sérieux et risque de fragiliser encore davantage la crédibilité de la justice haïtienne déjà mise à mal par des accusations de partialité et d’instrumentalisation politique. « Fidèles à notre foi en une justice équitable, nous continuons de croire qu’il est encore possible de trouver des juges impartiaux et insensibles à la pression politique », peut-on lire dans la correspondance. Au-delà de la défense d’un homme, la démarche traduit une inquiétude plus large : celle de voir le procès de l’assassinat de Jovenel Moïse sombrer dans des règlements de comptes politiques au détriment de la recherche de vérité et de justice. Les organisations rappellent que Marky Kessa a toujours été « un allié fidèle du président défunt », connu pour « son engagement auprès des plus vulnérables et sa droiture ». En demandant à la Cour d’Appel de statuer rapidement, les signataires estiment que le retour du maire Kessa à Jacmel constituerait une « mesure juste et équitable », à la fois pour la commune et pour la crédibilité du système judiciaire. Ce nouvel épisode s’ajoute à une longue liste de controverses entourant l’enquête en Haïti sur le magnicide de Jovenel Moïse, alors que parallèlement, des procédures avancées se poursuivent aux États-Unis et dans d’autres juridictions étrangères, souvent avec plus de transparence et de résultats concrets.

Date : 21-Aug-2025
Auteur : Paul Markenley AUGUSTIN
Éducation

Éduquer pour reconstruire : “le rôle des jeunes visionnaires dans la transformation d’Haïti.”

La chronicité de cette crise systémique et endémique rattachée à des causes sociopolitiques atteint un niveau de sédimentation dont la résolution n’est pas du jour au lendemain. Cependant, malgré l’allocation d’une enveloppe budgétaire de plus de 42 milliards de gourdes au ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), soit 13% du budget rectificatif 2024-2025 en vue d’une réforme dans le secteur, cela n’empêche plus d’un million d’enfants sont non scolarisés. Ainsi, ces derniers sont livrés à des situations pouvant compromettre leur avenir et par conséquent, celui du pays. OJVEH : une organisation qui vole au secours de la jeunesse haïtienne Œuvrant dans le domaine socio-éducatif haïtien depuis 2016, les jeunes visionnaires ont pris le vrai pouls de la situation. Marginalisé et oubliée par une société en crise, la jeunesse haïtienne est devenue la cible facile des promesses creuses et des politiques inefficaces des gouvernements successifs. Au lieu d’investir dans son potentiel et de bâtir un avenir digne, on l’a abandonné à la misère, au chômage et à l’exil forcé, transformant l’espoir d’une génération en un cri silencieux. Consciente de cette situation alarmante, l’OJVEH s’engage dans le lancement des programmes de sauvetage afin de pallier au problème de délinquance faisant rage au sein de la population. Administrée par une équipe engagée qui travaille sans relâche à métamorphoser la jeunesse désespérée d’aujourd’hui en une génération confiante et épanouie demain, L’OJVEH fait de l’avenir de la jeunesse haïtienne sa priorité. En conséquence, aujourd’hui plus de 8 générations témoignent les bienfaits de cette organisation. Car, de la remise à niveau pour les élèves préparant les examens officiels, aux formations visant l’épanouissement et l’autonomie des jeunes, jusqu’à l’accompagnement qui leur ouvre les portes des universités, elle se présente non seulement comme un guide éclairé, mais aussi comme un pilier sûr sur lequel ils peuvent toujours s’appuyer. Appel à la mobilisation Dès lors, la situation requiert une réaction. Une Haïti sans exclusion sociale, plus juste et équitable, est-elle possible sans un investissement massif dans sa jeunesse ? La réponse est bien évidente : non. Il est question d’agir maintenant, en construisant une nouvelle société fondée sur une éducation de qualité et inclusive c’est-à-dire, sans laisser personne de côté. Des politiques éducatives efficaces mettant en évidence, la technologie, l’entrepreneuriat et l’innovation tout en garantissant un climat de sécurité et de paix afférent à l’euphorie de la population. Ainsi, l’engagement doit être pris de manière collective où toutes les parties prenantes sont d’accord sur une idée de développement durable et inclusif.

Date : 17-Aug-2025
Auteur : Zalère RAMEAU
Société

Journée internationale de la jeunesse : un appel à l’action locale pour transformer Haïti

Port-au-Prince, 12 août 2025 – En ce 12 août, date consacrée à la Journée internationale de la jeunesse, l’Organisation des Nations Unies met à l’honneur la détermination et la créativité des jeunes du monde entier. Le thème retenu cette année, « L’action locale des jeunes en faveur des objectifs de développement durable et au-delà », résonne particulièrement dans un pays comme Haïti, où la jeunesse représente plus de la moitié de la population et incarne l’espoir d’un avenir meilleur. Dans un contexte marqué par l’instabilité politique, l’insécurité persistante et une crise socio-économique profonde, les jeunes haïtiens et haïtiennes se retrouvent en première ligne. Malgré les obstacles, nombreux sont ceux qui innovent, entreprennent, s’engagent dans leurs communautés et militent pour un changement durable. De Port-de-Paix à Jérémie, en passant par Gonaïves, Jacmel et les quartiers populaires de Port-au-Prince, des initiatives locales émergent : agriculture durable, éducation communautaire, recyclage des déchets, programmes d’alphabétisation, plateformes numériques pour la gouvernance participative. Ces actions, souvent portées par de simples bénévoles, répondent directement aux réalités du terrain. Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé que « lorsque les jeunes jouent un rôle de premier plan, les sociétés prospèrent ». En Haïti, cette vérité prend une dimension urgente. Face au découragement et à l’exode massif, il est vital de soutenir les idées et projets des jeunes, de leur offrir des espaces de participation réelle et des moyens concrets pour bâtir un pays plus équitable, plus sûr et plus prospère. Les défis sont énormes, mais l’histoire d’Haïti a toujours été écrite par des générations prêtes à relever l’impossible. En cette Journée internationale de la jeunesse, le message est clair : la transformation nationale commence par des actions locales, et la jeunesse haïtienne, par sa résilience et son engagement, détient les clés du changement.

Date : 13-Aug-2025
Auteur : Paul Markenley AUGUSTIN

A LA UNE

Saurel Deronette interroge la capacité du système pénal haïtien à lutter contre la corruption

Port-au-Prince, 1 Septembre 2025 — L’Institut Universitaire des Sciences a accueilli, cette semaine, la soutenance publique du mémoire de Master 2 de Saurel DERONETTE, étudiant de la Faculté de droit, d’économie et de gestion. Sous la direction du Dr Jean-Louis Levenson, le mémoire portait sur un thème d’une brûlante actualité : « Analyse du système pénal haïtien sous l’angle de sa capacité à lutter contre la corruption : 2014-2024 ». Dans ce travail de recherche, le candidat s’est penché sur un fléau qui mine la société haïtienne depuis des décennies : la corruption. Phénomène mondial, ancien et systémique, elle sape les bases de l’État de droit, ralentit le développement et aggrave les inégalités sociales. En Haïti, elle est décrite comme endémique et structurelle, affectant l’ensemble des institutions publiques. La décennie étudiée (2014-2024) a été marquée par des scandales majeurs, au premier rang desquels l’affaire PetroCaribe, symbole d’une gestion calamiteuse des ressources publiques et d’une justice incapable de traduire les responsables devant les tribunaux. Malgré des rapports accablants, produits aussi bien par des institutions nationales qu’internationales, la plupart de ces dossiers n’ont connu aucune suite judiciaire. Au niveau du Sud-Est, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a écarté plusieurs magistrats pour corruption. Mais là encore, aucune poursuite effective n’a été engagée. Cette absence quasi systématique de condamnations dans les affaires de grande envergure soulève des interrogations profondes sur l’efficacité du système pénal haïtien. Face à ce constat, DERONETTE formule la question centrale de sa recherche : « Dans quelle mesure le système pénal haïtien a-t-il été capable de lutter efficacement contre la corruption entre 2014 et 2024 ? » À l’issue de sa soutenance, Saurel Deronette a exprimé un sentiment de devoir accompli. « Je crois qu’on doit en finir avec cette question d’impunité politique », a-t-il déclaré. En sa qualité de dirigeant politique, il estime que la réflexion académique doit nourrir l’action publique : « Je dois continuer à étudier en fonction des besoins de mon pays », a-t-il affirmé. Titulaire d’une licence en sciences juridiques et en sciences agronomiques, ainsi que de diplômes en gouvernance et en psychologie criminelle, DERONETTE ne compte pas s’arrêter là. Il projette déjà de s’inscrire en thèse, avec un objectif clair : proposer des réformes de gouvernance territoriale susceptibles de soutenir l’agriculture locale. Par ce mémoire, Saurel DERONETTE met en lumière les failles d’un système judiciaire largement discrédité et appelle à une réflexion en profondeur sur les moyens de renforcer la lutte contre la corruption en Haïti, condition indispensable à toute perspective de développement et de stabilité.

Gouvernance multi-niveaux et décentralisation en Haïti : enjeux, défis et perspectives

La gouvernance multi-niveaux (GMN), c’est un peu comme le fil invisible qui relie tous les échelons de l’administration, du national au local. C’est l’idée que la gestion publique ne peut pas être l’affaire d’un seul centre de pouvoir, mais qu’elle gagne à être partagée, coordonnée et pensée de manière complémentaire. Chaque niveau, qu’il soit national, départemental ou communal, a ses responsabilités, ses défis et ses forces. Lorsqu’on réussit à les articuler correctement, les décisions deviennent plus proches de la population, plus cohérentes et surtout plus efficaces. La décentralisation, quant à elle, complète parfaitement ce tableau. Elle consiste à transférer certaines compétences et ressources de l’État central vers les collectivités territoriales pour que les décisions se prennent là où elles auront le plus d’impact. En Haïti, cette question est loin d’être théorique. Pendant des décennies, le pouvoir a été fortement centralisé à Port-au-Prince, laissant beaucoup de communes et de sections communales à l’écart des décisions qui les concernent directement. Cela a créé des frustrations, des inégalités territoriales et une faible confiance envers les institutions publiques. Aujourd’hui, la nécessité d’une gouvernance multi-niveaux efficace est plus urgente que jamais. Le pays fait face à des défis multiples : crises économiques, catastrophes naturelles, migrations internes, insécurité et besoins croissants en services sociaux et infrastructurels. Dans ce contexte, une coordination claire entre l’État central et les collectivités locales n’est plus un luxe : c’est une urgence. Les décisions prises au sommet doivent refléter les réalités locales, et les acteurs locaux doivent pouvoir agir avec autonomie et responsabilité. La GMN n’est pas seulement une mécanique administrative : c’est un véritable levier pour redonner du pouvoir aux citoyens, stimuler leur participation, et favoriser le développement local. Quand elle est bien appliquée, elle crée un cercle vertueux : les communautés prennent part aux décisions qui façonnent leur quotidien, les projets locaux répondent aux besoins réels, et la transparence envers les institutions devient une norme et non une exception. Pour Haïti, cela représente une occasion unique de rapprocher gouvernance et citoyenneté, d’ouvrir la voie à des actions concrètes et à un développement plus inclusif et durable. En bref, comprendre la gouvernance multi-niveaux et son lien avec la décentralisation, c’est comprendre comment transformer la vie des Haïtiennes et des Haïtiens, en faisant de chaque commune un acteur capable de contribuer activement au développement national. Comprendre la Gouvernance Multi-niveaux Pour bien saisir ce qu’est la gouvernance multi-niveaux (GMN), il faut d’abord comprendre qu’elle n’est pas un simple jargon administratif, mais un véritable cadre qui permet aux institutions et aux citoyens de dialoguer, de collaborer et de décider ensemble, à différents échelons. La GMN repose sur quelques principes fondamentaux : la coordination, la subsidiarité et la répartition claire des responsabilités. La coordination implique que chaque niveau de gouvernance – national, régional ou local – ne fonctionne pas en vase clos. Les politiques nationales et les stratégies locales doivent se compléter, et non se contredire. En Haïti, cela signifie que les initiatives gouvernementales doivent tenir compte des réalités spécifiques de chaque département et de chaque commune, et que les acteurs locaux doivent être en mesure d’apporter leur expertise et leurs connaissances du terrain. La coordination ne se limite pas aux administrations : elle inclut aussi la société civile, les organisations communautaires et, idéalement, le secteur privé. Le principe de subsidiarité est tout aussi essentiel. Il s’agit de décider au niveau le plus proche possible des citoyens, là où l’action peut être la plus efficace. Dans un pays comme Haïti, avec une diversité géographique et sociale importante, appliquer la subsidiarité signifie que les communes et sections communales ont la capacité de prendre des décisions sur des questions locales sans attendre que tout vienne de Port-au-Prince. Cela valorise l’autonomie locale et permet des réponses rapides et adaptées aux besoins réels des populations. Enfin, la répartition claire des responsabilités est indispensable pour éviter les chevauchements, les doublons et la confusion qui minent souvent l’efficacité administrative. Chaque niveau de gouvernance sait ce qui relève de son rôle, de ses ressources et de ses obligations. Cela crée un cadre où l’État central conserve la vision stratégique et les fonctions régulatrices, tandis que les niveaux intermédiaires et locaux mettent en œuvre les politiques et répondent aux préoccupations concrètes des citoyens. Pour mieux visualiser cela, on peut distinguer trois niveaux principaux : 1) Le niveau national : C’est le centre stratégique de la gouvernance. Il définit les grandes orientations politiques, les lois et les réglementations, et assure la coordination générale. Le niveau national reste le garant de la cohérence et de l’unité de l’action publique sur l’ensemble du territoire. 2) Le niveau régional ou départemental : Il joue un rôle d’interface. Ce niveau coordonne les politiques nationales et les adapte aux réalités locales. Il facilite la communication entre l’État central et les communes, et supervise la mise en œuvre des programmes tout en appuyant les capacités locales. 3) Le niveau communal et section communale : C’est là que la gouvernance touche directement la vie quotidienne des citoyens. Les communes et sections communales gèrent les services locaux, planifient des projets de développement et représentent la voix des populations. Elles sont les lieux où la participation citoyenne peut s’exprimer pleinement et où la subsidiarité prend tout son sens. Les avantages d’une telle approche sont nombreux et profonds. Une gouvernance multi-niveaux permet :  Une meilleure coordination entre les échelons de décision, limitant les conflits et optimisant l’utilisation des ressources.  L’application concrète du principe de subsidiarité, qui rapproche la prise de décision de ceux qui en bénéficient réellement.  Une répartition claire des responsabilités, offrant à chaque acteur un cadre précis d’action et réduisant les zones d’ombre institutionnelles.  Une plus grande participation citoyenne, car les habitants comprennent mieux où et comment leurs voix peuvent influencer les décisions.  Une meilleure réactivité face aux crises, grâce à une délégation de pouvoir qui permet d’agir rapidement au niveau local sans attendre des directives centralisées. En Haïti, comprendre et mettre en œuvre la GMN, ce n’est donc pas seulement un exercice académique. C’est réinventer la manière dont l’État interagit avec ses citoyens, créer des ponts entre les centres de décision et les communautés, et surtout, poser les bases d’une gouvernance qui est à la fois stratégique, inclusive et profondément humaine. La GMN n’est pas parfaite en théorie, et sa mise en œuvre comporte des défis, mais elle offre une feuille de route précieuse pour transformer la décentralisation en un véritable moteur de développement. Décentralisation en Haïti : état des lieux Pour parler de décentralisation en Haïti, il faut d’abord plonger dans l’histoire récente du pays, comprendre les textes qui encadrent les collectivités territoriales et observer ce qui a été accompli – mais aussi ce qui reste à améliorer. La décentralisation, dans son esprit, vise à rapprocher le pouvoir des citoyens et à donner aux communes et sections communales la capacité d’agir directement sur leur développement. La décentralisation en Haïti a été progressivement formalisée à travers des lois organiques et décrets qui définissent l’organisation, les compétences et le fonctionnement des collectivités territoriales. Ces textes établissent les communes comme la pierre angulaire de la gouvernance locale, avec à leur tête des conseils municipaux et des exécutifs locaux chargés de la planification et de la gestion des services publics. Les sections communales, plus petites unités administratives, permettent une proximité directe avec la population, en gérant l’état civil, la voirie locale ou encore des initiatives communautaires. Ces cadres juridiques reflètent une volonté claire de l’État de transférer des responsabilités aux niveaux locaux, tout en maintenant un équilibre entre autonomie et cohérence nationale. Malgré les nombreux défis, certains progrès sont tangibles. L’établissement de conseils municipaux élus et la tenue d’élections locales régulières ont renforcé la légitimité des instances locales et permis une participation citoyenne accrue. Dans certaines communes, des initiatives locales de développement – qu’il s’agisse de projets éducatifs, de micro-entreprises communautaires ou d’améliorations de l’infrastructure – montrent que lorsque les collectivités disposent des moyens et de l’autonomie, elles peuvent répondre efficacement aux besoins locaux. Ces succès, même s’ils sont encore partiels, illustrent le potentiel énorme de la décentralisation pour transformer la vie des communautés. Pourtant, le chemin reste semé d’embûches. La mise en œuvre de la décentralisation est souvent entravée par des chevauchements institutionnels, des conflits de compétences entre le niveau central et les communes, et un manque de coordination entre les différentes strates de l’administration. À cela s’ajoute un manque criant de moyens financiers et humains pour les collectivités, qui limite leur capacité à planifier et exécuter des projets locaux. Enfin, la faible capacité technique et organisationnelle des équipes locales constitue un frein supplémentaire, rendant difficile la traduction des textes légaux en actions concrètes et efficaces. En résumé, la décentralisation en Haïti est un processus en marche, marqué à la fois par des acquis encourageants et par des défis structurels majeurs. Comprendre ces réalités est essentiel pour envisager des stratégies qui permettront de renforcer l’efficacité de la gouvernance locale et d’exploiter pleinement le potentiel des communes et sections communales. La question n’est plus de savoir si la décentralisation est nécessaire, mais comment la faire fonctionner vraiment pour les citoyens, en alliant cadre légal, moyens adéquats et coordination intelligente entre tous les niveaux de gouvernance. Importance de la GMN pour la décentralisation La gouvernance multi-niveaux n’est pas qu’une théorie abstraite : elle est un levier puissant pour transformer la décentralisation en action concrète, capable d’améliorer la vie des communautés haïtiennes à plusieurs niveaux. Ses bénéfices touchent autant la planification et la prise de décision locale que la participation citoyenne et la cohésion sociale. Grâce à la GMN, les communes et sections communales peuvent anticiper, organiser et prioriser leurs projets en fonction des besoins réels de leurs populations. Les décisions ne viennent plus uniquement d’un centre éloigné : elles sont construites avec une connaissance fine du terrain. Par exemple, une commune confrontée à des inondations saisonnières peut planifier ses infrastructures, sa gestion de l’eau et ses programmes de prévention en concertation avec les départements concernés et le gouvernement central. Cette coordination évite les doublons et permet d’optimiser les initiatives locales. Quand chaque niveau de gouvernance connaît clairement ses rôles et ses limites, la transparence devient plus naturelle. Les citoyens peuvent suivre qui fait quoi et demander des comptes aux responsables concernés. Les conseils municipaux et exécutifs locaux, par exemple, savent que leurs actions sont visibles et évaluables, ce qui incite à plus de rigueur et d’intégrité. La GMN favorise donc une culture de la responsabilité, où les erreurs peuvent être corrigées rapidement et où la confiance entre les institutions et la population peut se reconstruire progressivement. Meilleure allocation des ressources et efficacité dans la prestation des services publics Une gouvernance multi-niveaux efficace permet de distribuer les ressources de façon stratégique, en fonction des besoins réels et des priorités locales. Les budgets, le matériel et le personnel peuvent être orientés là où ils ont le plus d’impact. Cela se traduit par une meilleure gestion des services essentiels – santé, éducation, infrastructures, sécurité – et par une réduction des gaspillages liés à une centralisation excessive. L’efficacité n’est plus théorique : elle devient perceptible dans le quotidien des citoyens. Enfin, la GMN ouvre la porte à une vraie démocratie locale. Les habitants ne sont plus de simples spectateurs : ils deviennent des acteurs, capables de s’impliquer dans la définition des projets, le suivi des initiatives et l’évaluation des résultats. Cette participation renforce le sentiment d’appartenance, stimule l’engagement civique et favorise la cohésion sociale. Dans un pays comme Haïti, où la confiance envers les institutions est fragile, cette dimension est cruciale : elle transforme la gouvernance en un espace de dialogue et de coopération, et pas seulement en un ensemble de règles et de structures administratives. En somme, la gouvernance multi-niveaux n’est pas un luxe bureaucratique. C’est un outil concret pour rendre la décentralisation efficace, inclusive et durable, en rapprochant la décision de ceux qui vivent ses effets au quotidien, en améliorant la transparence et en stimulant la participation citoyenne. Elle offre une perspective où chaque niveau de gouvernance, du national au local, trouve sa place et contribue à bâtir un développement territorial plus juste et plus solide. « La gouvernance multi-niveaux, ce n’est pas seulement une question de lois ou de budgets : c’est une manière de donner du pouvoir réel aux communautés pour qu’elles prennent leur destin en main. Quand les différents niveaux se parlent et travaillent ensemble, les résultats se voient dans la vie quotidienne des citoyens. » — Jean Renol Élie, sociologue et expert en gouvernance locale Défis et perspectives pour Haïti La gouvernance multi-niveaux n’est pas seulement une idée de gestion publique : c’est un outil essentiel pour transformer la décentralisation en réalité concrète et efficace. Tout au long de cet article, nous avons vu comment la GMN permet d’articuler clairement les rôles des différents niveaux de l’administration, de rapprocher la prise de décision des citoyens, d’améliorer la transparence et la responsabilité, et de renforcer la participation et la cohésion sociale. En Haïti, où la centralisation a longtemps limité l’action locale, la GMN représente une véritable opportunité de réinventer la manière dont l’État interagit avec ses communautés. Pour que cette opportunité se concrétise, il ne suffit pas de reconnaître la valeur de la GMN : il faut agir concrètement. Cela implique de soutenir les communes et sections communales avec des moyens financiers et humains adaptés, de renforcer leurs capacités techniques et organisationnelles, et de créer des mécanismes de coordination efficaces entre tous les échelons de gouvernance. C’est aussi encourager la participation citoyenne, favoriser les initiatives locales et adopter des solutions innovantes, qu’elles soient numériques, partenariales ou institutionnelles. En somme, renforcer la gouvernance locale n’est pas un luxe, c’est un impératif pour le développement durable et inclusif du pays. Chaque citoyen, chaque acteur institutionnel et chaque collectivité territoriale a un rôle à jouer pour construire une Haïti où les décisions sont prises là où elles comptent le plus, où les ressources sont utilisées judicieusement, et où le développement profite à tous. La gouvernance multi-niveaux offre ce cadre : il reste à nous engager collectivement pour qu’elle devienne une réalité tangible et bénéfique pour tous. La gouvernance multi-niveaux n’est pas seulement une idée de gestion publique : c’est un outil essentiel pour transformer la décentralisation en réalité concrète et efficace. Tout au long de cet article, nous avons vu comment la GMN permet d’articuler clairement les rôles des différents niveaux de l’administration, de rapprocher la prise de décision des citoyens, d’améliorer la transparence et la responsabilité, et de renforcer la participation et la cohésion sociale. En Haïti, où la centralisation a longtemps limité l’action locale, la GMN représente une véritable opportunité de réinventer la manière dont l’État interagit avec ses communautés. Pour que cette opportunité se concrétise, il ne suffit pas de reconnaître la valeur de la GMN : il faut agir concrètement. Cela implique de soutenir les communes et sections communales avec des moyens financiers et humains adaptés, de renforcer leurs capacités techniques et organisationnelles, et de créer des mécanismes de coordination efficaces entre tous les échelons de gouvernance. C’est aussi encourager la participation citoyenne, favoriser les initiatives locales et adopter des solutions innovantes, qu’elles soient numériques, partenariales ou institutionnelles. En somme, renforcer la gouvernance locale n’est pas un luxe, c’est un impératif pour le développement durable et inclusif du pays. Chaque citoyen, chaque acteur institutionnel et chaque collectivité territoriale a un rôle à jouer pour construire une Haïti où les décisions sont prises là où elles comptent le plus, où les ressources sont utilisées judicieusement, et où le développement profite à tous. La gouvernance multi-niveaux offre ce cadre : il reste à nous engager collectivement pour qu’elle devienne une réalité tangible et bénéfique pour tous.

Haïti : Vladimir Paraison prend la tête de la Police nationale dans un climat d’insécurité préoccupant

Port-au-Prince, 8 août 2025 — L’Inspecteur général André Jonas Vladimir Paraison, ancien responsable de la sécurité du Palais national, a été nommé et installé ce vendredi 8 août 2025 comme nouveau Directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH). Il succède à Normil Rameau, relevé de ses fonctions par décision du Conseil des ministres. Cette nomination intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu. Depuis plusieurs mois, le pays est en proie à une recrudescence de la violence armée, marquée par des affrontements entre gangs, des enlèvements ciblés, et des attaques contre les forces de l’ordre. Le département de l’Artibonite, notamment, est l’un des foyers les plus critiques, où plusieurs communes restent pratiquement sous le contrôle de groupes armés, perturbant la circulation, les activités économiques et la vie quotidienne des habitants. Face à cette situation, le nouveau directeur général de la PNH hérite d’une mission complexe : rétablir l’autorité de l’État, renforcer la capacité opérationnelle de la police, et restaurer la confiance d’une population souvent livrée à elle-même. Les attentes sont immenses, alors que les appels à une réponse ferme et coordonnée se multiplient, tant au sein de la société civile que parmi les partenaires internationaux d’Haïti. Dans ses premières déclarations, M. Paraison a affirmé vouloir « redynamiser l’action de la Police nationale et intensifier les opérations contre les groupes armés », tout en mettant l’accent sur la coopération avec les communautés locales et le soutien logistique nécessaire pour mener à bien cette lutte. Reste à savoir si, dans un pays confronté à des défis institutionnels, économiques et sociaux profonds, cette nouvelle direction à la tête de la PNH pourra infléchir la courbe inquiétante de l’insécurité. Les prochains mois seront déterminants pour mesurer l’impact de cette nomination sur la stabilité et la sécurité en Haïti.

Haïti face à l’échec politique : Urgence de refonder la classe politique

Port-au-Prince, 29 juillet 2025 - Depuis plusieurs décennies, Haïti traverse une crise politique chronique, marquée par l’instabilité institutionnelle, la faiblesse de l’État, la méfiance citoyenne et l’incapacité des élites à répondre aux aspirations de la population. Cette situation trouve l’une de ses causes principales dans l’échec patent de la classe politique haïtienne. Loin de servir l’intérêt général, celle-ci perpétue des logiques de clientélisme, de prédation, et de personnalisation du pouvoir. Face à cette impasse, il devient impératif de penser une refondation radicale de la classe politique haïtiennes, seule voie possible vers une Haïti démocratique, stable et prospère. Par extension, la classe politique désigne l’ensemble des individus qui occupent des fonctions politiques importantes dans une société donnée, que ce soit au niveau local ou national. Cela inclut les élus, les dirigeants de partis, certains hauts fonctionnaires, voire des acteurs influents sans mandat électif mais ayant un rôle dans les décisions politiques du pays. La politique, dans son essence première, est l’art de gérer la cité au profit de l’intérêt général. Cette thèse est soutenue par plusieurs penseurs politiques notamment Aristote, Platon, Rousseau, Hannah Arendt. En résumer, la politique est aussi un outil au service de la nation, un moyen d’organiser la société, de garantir la justice sociale, et de promouvoir le développement économique et sociale d’un pays. Toutefois, en Haïti, cette noble mission semble détournée au profit d’intérêts particuliers. Le pays fait face à une classe politique souvent accusée de clientélisme, de corruption et d’incompétence, transformant la politique en instrument de pouvoir personnel plutôt en un élément déclencheur de transformation nationale. Certes, cette situation appelle à une urgence profonde de refonder de la classe politique. La classe politique haïtienne actuelle souffre d’un triple déficit de légitimité, de compétence et d’éthique. Nombre de ses membres ne doivent leur position ni à une vision politique claire, ni à un enracinement démocratique, mais plutôt à des arrangements opportunistes, à la manipulation des processus électoraux, ou à des alliances avec des groupes armés ou économiques. Comme le souligne Pierre Bourdieu, « la politique est un métier comme un autre, qui suppose un apprentissage, des règles, une éthique ». En d'autres termes, la politique est comme l'économie, la médecine, la chimie et la physique. Une mauvaise application de ces connaissances pourrait mettre en danger la vie humaine. Or, en Haïti, la politique est souvent réduite à une voie de promotion personnelle ou de captation de ressources publiques, au détriment du bien commun. En conséquence, ce phénomène engendre une profonde crise de confiance entre les citoyens et leurs représentants, renforçant l’abstention, la résignation ou, pire, le recours à des formes extrêmes de contestation. De plus, cette classe politique contribue à l'effondrement progressif de toute culture politique. L'absence de projets de société clairs, la faiblesse des partis politiques et la vacuité des débats publics, compromettent la transmission des valeurs démocratiques et de citoyenneté. Comme l'a analysé Hannah Arendt dans son livre « La crise de la culture », la crise de la politique survient lorsque « les citoyens ne croient plus que la politique peut changer leur vie ». Effectivement, la permanence de cette classe politique déconnectée et inefficace constitue une menace existentielle pour Haïti. De 1986 à date, elle nourrit une spirale de méfiance, d’apathie, et de violence. Le blocage de toute réforme structurelle qu’elle soit institutionnelle, éducative, économique ou sécuritaire dans le pays. C’est en grande partie le fruit de cette élite politique incapable d’agir au-delà de ses intérêts immédiats, malgré l’apport de la fameuse constitution de 1987. Dans son ouvrage La société contre l'État, Pierre Clastres montre comment certaines sociétés refusent la centralisation du pouvoir pour éviter la domination. Pourtant, en Haïti le pouvoir est capté par une minorité politique sans légitimité populaire, qui étouffe toute forme de participation citoyenne réelle et empêche l’émergence d’une gouvernance inclusive dans le pays. Comme politologue, on observe que la politique haïtienne est dévoyée entre intérêts personnels et logique de clan, et cette pratique ne date pas d’hier. Aujourd’hui, cette pratique est en perpétuelle répétions. Ce qui fait au lieu de mettre la politique au service de la nation, une grande partie de la classe politique haïtienne s’illustre par l’accès aux postes de pouvoir est souvent dicté par des logiques d’affiliation politique, familiale ou régionale ou sectorielle. La compétence est reléguée au second plan, au profit de la loyauté envers des figures ou clans politiques. Autre observation, la mauvaise gestion des fonds publics, les scandales de corruption à répétition, notamment autour du fonds de la CIRH, du fonds Petro-Caribe, Fonds de Gestion et de Développement des Collectivités territoriales (FGDCT) et autres, illustrent la déviation des ressources publiques au profit d’intérêts privés. En ce sens, on réalise que l’opinion des citoyens comprend L’État dans sa structure et sa représentation comme un butin de guerre électorale. De nos jours, la politique devient un moyen d’enrichissement rapide, au détriment des missions fondamentales de service public, de développement et de gouvernance. À cause de ces mauvaises pratiques, ils ont des conséquences sur nous comme citoyens et ceci sans exception, mais aussi il a des conséquences sur la nation haïtienne dans les rapports interétatiques. Notre attitude de la politique à servir la nation a des conséquences désastreuses. La faiblesse chronique des institutions démocratiques favorise l’instabilité, les crises récurrentes et l’impunité. Le peuple haïtien se détourne de plus en plus de la chose publique, voyant dans la politique une arène de mensonges et de trahisons. Cela alimente l’abstention électorale et la désaffection civique. Le sous-investissement dans l’éducation, la santé, l’agriculture ou les infrastructures est le reflet d’une élite politique plus préoccupée par le court terme électoral que par des réformes structurelles. En tant que politologue, face à l'échec de la classe politique pour nous, il est évident de repenser la classe politique pour reconstruire l'État. Il ne s'agit pas seulement de « changer de visage », mais de changer les fondements mêmes de la participation politique en Haïti. Pour nous, repenser la classe politique, c'est imposer des critères d'intégrité, de transparence et de responsabilité. Cela suppose une réforme profonde du financement de la vie politique, du fonctionnement des partis politiques et de la gestion des mandats publics. Le bon fonctionnement de la démocratie nécessite des citoyens formés et des acteurs politiques compétents. Il est nécessaire d'intégrer l'éducation civique dès l'école et de favoriser l'apparition de nouvelles générations de leaders provenant de la société civile, des universités, des syndicats ou des communautés. Il est essentiel de transcender les logiques des partis individuels afin d'établir de réelles organisations idéologiques aptes à structurer la politique et à présenter des projets précis. Et encourager l'implication des jeunes, des femmes, des dirigeants communautaires et des diasporas. La représentation de la diversité et de la complexité de la société haïtienne contemporaine ne peut être assurée uniquement par l'élite politique actuelle. Pour conclure, refonder la classe politique n’est pas un luxe ni une utopie, c’est une obligation et une nécessité vitale pour Haïti. Il en va de la survie démocratique de la nation. L’histoire nous enseigne que les transitions réussies reposent toujours sur l’émergence d’élites responsables et visionnaires, capables de placer l’intérêt général au-dessus des intérêts partisans ou personnels. Haïti a besoin de politiques qui incarnent l’avenir, et non qui s’accrochent au passé. Cette refondation passe par un sursaut collectif, une volonté politique forte, et l’engagement de tous les secteurs de la vie nationale. Comme l’écrivait Aimé Césaire : « Il est temps de faire de l’histoire une force vivante ». Pour Haïti, cette histoire commence par la construction d’une nouvelle classe politique au service de la nation. Refonder une nouvelle classe politique, c’est restaurer le lien de confiance entre gouvernés et gouvernants, et faire de l’action publique un instrument au service du bien commun. Le renouveau de la nation haïtienne passe nécessairement par le renouveau moral, intellectuel et éthique de sa classe politique.

POLITIQUE

Gouvernance multi-niveaux et décentralisation en Haïti : enjeux, défis et perspectives

La gouvernance multi-niveaux (GMN), c’est un peu comme le fil invisible qui relie tous les échelons de l’administration, du national au local. C’est l’idée que la gestion publique ne peut pas être l’affaire d’un seul centre de pouvoir, mais qu’elle gagne à être partagée, coordonnée et pensée de manière complémentaire. Chaque niveau, qu’il soit national, départemental ou communal, a ses responsabilités, ses défis et ses forces. Lorsqu’on réussit à les articuler correctement, les décisions deviennent plus proches de la population, plus cohérentes et surtout plus efficaces. La décentralisation, quant à elle, complète parfaitement ce tableau. Elle consiste à transférer certaines compétences et ressources de l’État central vers les collectivités territoriales pour que les décisions se prennent là où elles auront le plus d’impact. En Haïti, cette question est loin d’être théorique. Pendant des décennies, le pouvoir a été fortement centralisé à Port-au-Prince, laissant beaucoup de communes et de sections communales à l’écart des décisions qui les concernent directement. Cela a créé des frustrations, des inégalités territoriales et une faible confiance envers les institutions publiques. Aujourd’hui, la nécessité d’une gouvernance multi-niveaux efficace est plus urgente que jamais. Le pays fait face à des défis multiples : crises économiques, catastrophes naturelles, migrations internes, insécurité et besoins croissants en services sociaux et infrastructurels. Dans ce contexte, une coordination claire entre l’État central et les collectivités locales n’est plus un luxe : c’est une urgence. Les décisions prises au sommet doivent refléter les réalités locales, et les acteurs locaux doivent pouvoir agir avec autonomie et responsabilité. La GMN n’est pas seulement une mécanique administrative : c’est un véritable levier pour redonner du pouvoir aux citoyens, stimuler leur participation, et favoriser le développement local. Quand elle est bien appliquée, elle crée un cercle vertueux : les communautés prennent part aux décisions qui façonnent leur quotidien, les projets locaux répondent aux besoins réels, et la transparence envers les institutions devient une norme et non une exception. Pour Haïti, cela représente une occasion unique de rapprocher gouvernance et citoyenneté, d’ouvrir la voie à des actions concrètes et à un développement plus inclusif et durable. En bref, comprendre la gouvernance multi-niveaux et son lien avec la décentralisation, c’est comprendre comment transformer la vie des Haïtiennes et des Haïtiens, en faisant de chaque commune un acteur capable de contribuer activement au développement national. Comprendre la Gouvernance Multi-niveaux Pour bien saisir ce qu’est la gouvernance multi-niveaux (GMN), il faut d’abord comprendre qu’elle n’est pas un simple jargon administratif, mais un véritable cadre qui permet aux institutions et aux citoyens de dialoguer, de collaborer et de décider ensemble, à différents échelons. La GMN repose sur quelques principes fondamentaux : la coordination, la subsidiarité et la répartition claire des responsabilités. La coordination implique que chaque niveau de gouvernance – national, régional ou local – ne fonctionne pas en vase clos. Les politiques nationales et les stratégies locales doivent se compléter, et non se contredire. En Haïti, cela signifie que les initiatives gouvernementales doivent tenir compte des réalités spécifiques de chaque département et de chaque commune, et que les acteurs locaux doivent être en mesure d’apporter leur expertise et leurs connaissances du terrain. La coordination ne se limite pas aux administrations : elle inclut aussi la société civile, les organisations communautaires et, idéalement, le secteur privé. Le principe de subsidiarité est tout aussi essentiel. Il s’agit de décider au niveau le plus proche possible des citoyens, là où l’action peut être la plus efficace. Dans un pays comme Haïti, avec une diversité géographique et sociale importante, appliquer la subsidiarité signifie que les communes et sections communales ont la capacité de prendre des décisions sur des questions locales sans attendre que tout vienne de Port-au-Prince. Cela valorise l’autonomie locale et permet des réponses rapides et adaptées aux besoins réels des populations. Enfin, la répartition claire des responsabilités est indispensable pour éviter les chevauchements, les doublons et la confusion qui minent souvent l’efficacité administrative. Chaque niveau de gouvernance sait ce qui relève de son rôle, de ses ressources et de ses obligations. Cela crée un cadre où l’État central conserve la vision stratégique et les fonctions régulatrices, tandis que les niveaux intermédiaires et locaux mettent en œuvre les politiques et répondent aux préoccupations concrètes des citoyens. Pour mieux visualiser cela, on peut distinguer trois niveaux principaux : 1) Le niveau national : C’est le centre stratégique de la gouvernance. Il définit les grandes orientations politiques, les lois et les réglementations, et assure la coordination générale. Le niveau national reste le garant de la cohérence et de l’unité de l’action publique sur l’ensemble du territoire. 2) Le niveau régional ou départemental : Il joue un rôle d’interface. Ce niveau coordonne les politiques nationales et les adapte aux réalités locales. Il facilite la communication entre l’État central et les communes, et supervise la mise en œuvre des programmes tout en appuyant les capacités locales. 3) Le niveau communal et section communale : C’est là que la gouvernance touche directement la vie quotidienne des citoyens. Les communes et sections communales gèrent les services locaux, planifient des projets de développement et représentent la voix des populations. Elles sont les lieux où la participation citoyenne peut s’exprimer pleinement et où la subsidiarité prend tout son sens. Les avantages d’une telle approche sont nombreux et profonds. Une gouvernance multi-niveaux permet :  Une meilleure coordination entre les échelons de décision, limitant les conflits et optimisant l’utilisation des ressources.  L’application concrète du principe de subsidiarité, qui rapproche la prise de décision de ceux qui en bénéficient réellement.  Une répartition claire des responsabilités, offrant à chaque acteur un cadre précis d’action et réduisant les zones d’ombre institutionnelles.  Une plus grande participation citoyenne, car les habitants comprennent mieux où et comment leurs voix peuvent influencer les décisions.  Une meilleure réactivité face aux crises, grâce à une délégation de pouvoir qui permet d’agir rapidement au niveau local sans attendre des directives centralisées. En Haïti, comprendre et mettre en œuvre la GMN, ce n’est donc pas seulement un exercice académique. C’est réinventer la manière dont l’État interagit avec ses citoyens, créer des ponts entre les centres de décision et les communautés, et surtout, poser les bases d’une gouvernance qui est à la fois stratégique, inclusive et profondément humaine. La GMN n’est pas parfaite en théorie, et sa mise en œuvre comporte des défis, mais elle offre une feuille de route précieuse pour transformer la décentralisation en un véritable moteur de développement. Décentralisation en Haïti : état des lieux Pour parler de décentralisation en Haïti, il faut d’abord plonger dans l’histoire récente du pays, comprendre les textes qui encadrent les collectivités territoriales et observer ce qui a été accompli – mais aussi ce qui reste à améliorer. La décentralisation, dans son esprit, vise à rapprocher le pouvoir des citoyens et à donner aux communes et sections communales la capacité d’agir directement sur leur développement. La décentralisation en Haïti a été progressivement formalisée à travers des lois organiques et décrets qui définissent l’organisation, les compétences et le fonctionnement des collectivités territoriales. Ces textes établissent les communes comme la pierre angulaire de la gouvernance locale, avec à leur tête des conseils municipaux et des exécutifs locaux chargés de la planification et de la gestion des services publics. Les sections communales, plus petites unités administratives, permettent une proximité directe avec la population, en gérant l’état civil, la voirie locale ou encore des initiatives communautaires. Ces cadres juridiques reflètent une volonté claire de l’État de transférer des responsabilités aux niveaux locaux, tout en maintenant un équilibre entre autonomie et cohérence nationale. Malgré les nombreux défis, certains progrès sont tangibles. L’établissement de conseils municipaux élus et la tenue d’élections locales régulières ont renforcé la légitimité des instances locales et permis une participation citoyenne accrue. Dans certaines communes, des initiatives locales de développement – qu’il s’agisse de projets éducatifs, de micro-entreprises communautaires ou d’améliorations de l’infrastructure – montrent que lorsque les collectivités disposent des moyens et de l’autonomie, elles peuvent répondre efficacement aux besoins locaux. Ces succès, même s’ils sont encore partiels, illustrent le potentiel énorme de la décentralisation pour transformer la vie des communautés. Pourtant, le chemin reste semé d’embûches. La mise en œuvre de la décentralisation est souvent entravée par des chevauchements institutionnels, des conflits de compétences entre le niveau central et les communes, et un manque de coordination entre les différentes strates de l’administration. À cela s’ajoute un manque criant de moyens financiers et humains pour les collectivités, qui limite leur capacité à planifier et exécuter des projets locaux. Enfin, la faible capacité technique et organisationnelle des équipes locales constitue un frein supplémentaire, rendant difficile la traduction des textes légaux en actions concrètes et efficaces. En résumé, la décentralisation en Haïti est un processus en marche, marqué à la fois par des acquis encourageants et par des défis structurels majeurs. Comprendre ces réalités est essentiel pour envisager des stratégies qui permettront de renforcer l’efficacité de la gouvernance locale et d’exploiter pleinement le potentiel des communes et sections communales. La question n’est plus de savoir si la décentralisation est nécessaire, mais comment la faire fonctionner vraiment pour les citoyens, en alliant cadre légal, moyens adéquats et coordination intelligente entre tous les niveaux de gouvernance. Importance de la GMN pour la décentralisation La gouvernance multi-niveaux n’est pas qu’une théorie abstraite : elle est un levier puissant pour transformer la décentralisation en action concrète, capable d’améliorer la vie des communautés haïtiennes à plusieurs niveaux. Ses bénéfices touchent autant la planification et la prise de décision locale que la participation citoyenne et la cohésion sociale. Grâce à la GMN, les communes et sections communales peuvent anticiper, organiser et prioriser leurs projets en fonction des besoins réels de leurs populations. Les décisions ne viennent plus uniquement d’un centre éloigné : elles sont construites avec une connaissance fine du terrain. Par exemple, une commune confrontée à des inondations saisonnières peut planifier ses infrastructures, sa gestion de l’eau et ses programmes de prévention en concertation avec les départements concernés et le gouvernement central. Cette coordination évite les doublons et permet d’optimiser les initiatives locales. Quand chaque niveau de gouvernance connaît clairement ses rôles et ses limites, la transparence devient plus naturelle. Les citoyens peuvent suivre qui fait quoi et demander des comptes aux responsables concernés. Les conseils municipaux et exécutifs locaux, par exemple, savent que leurs actions sont visibles et évaluables, ce qui incite à plus de rigueur et d’intégrité. La GMN favorise donc une culture de la responsabilité, où les erreurs peuvent être corrigées rapidement et où la confiance entre les institutions et la population peut se reconstruire progressivement. Meilleure allocation des ressources et efficacité dans la prestation des services publics Une gouvernance multi-niveaux efficace permet de distribuer les ressources de façon stratégique, en fonction des besoins réels et des priorités locales. Les budgets, le matériel et le personnel peuvent être orientés là où ils ont le plus d’impact. Cela se traduit par une meilleure gestion des services essentiels – santé, éducation, infrastructures, sécurité – et par une réduction des gaspillages liés à une centralisation excessive. L’efficacité n’est plus théorique : elle devient perceptible dans le quotidien des citoyens. Enfin, la GMN ouvre la porte à une vraie démocratie locale. Les habitants ne sont plus de simples spectateurs : ils deviennent des acteurs, capables de s’impliquer dans la définition des projets, le suivi des initiatives et l’évaluation des résultats. Cette participation renforce le sentiment d’appartenance, stimule l’engagement civique et favorise la cohésion sociale. Dans un pays comme Haïti, où la confiance envers les institutions est fragile, cette dimension est cruciale : elle transforme la gouvernance en un espace de dialogue et de coopération, et pas seulement en un ensemble de règles et de structures administratives. En somme, la gouvernance multi-niveaux n’est pas un luxe bureaucratique. C’est un outil concret pour rendre la décentralisation efficace, inclusive et durable, en rapprochant la décision de ceux qui vivent ses effets au quotidien, en améliorant la transparence et en stimulant la participation citoyenne. Elle offre une perspective où chaque niveau de gouvernance, du national au local, trouve sa place et contribue à bâtir un développement territorial plus juste et plus solide. « La gouvernance multi-niveaux, ce n’est pas seulement une question de lois ou de budgets : c’est une manière de donner du pouvoir réel aux communautés pour qu’elles prennent leur destin en main. Quand les différents niveaux se parlent et travaillent ensemble, les résultats se voient dans la vie quotidienne des citoyens. » — Jean Renol Élie, sociologue et expert en gouvernance locale Défis et perspectives pour Haïti La gouvernance multi-niveaux n’est pas seulement une idée de gestion publique : c’est un outil essentiel pour transformer la décentralisation en réalité concrète et efficace. Tout au long de cet article, nous avons vu comment la GMN permet d’articuler clairement les rôles des différents niveaux de l’administration, de rapprocher la prise de décision des citoyens, d’améliorer la transparence et la responsabilité, et de renforcer la participation et la cohésion sociale. En Haïti, où la centralisation a longtemps limité l’action locale, la GMN représente une véritable opportunité de réinventer la manière dont l’État interagit avec ses communautés. Pour que cette opportunité se concrétise, il ne suffit pas de reconnaître la valeur de la GMN : il faut agir concrètement. Cela implique de soutenir les communes et sections communales avec des moyens financiers et humains adaptés, de renforcer leurs capacités techniques et organisationnelles, et de créer des mécanismes de coordination efficaces entre tous les échelons de gouvernance. C’est aussi encourager la participation citoyenne, favoriser les initiatives locales et adopter des solutions innovantes, qu’elles soient numériques, partenariales ou institutionnelles. En somme, renforcer la gouvernance locale n’est pas un luxe, c’est un impératif pour le développement durable et inclusif du pays. Chaque citoyen, chaque acteur institutionnel et chaque collectivité territoriale a un rôle à jouer pour construire une Haïti où les décisions sont prises là où elles comptent le plus, où les ressources sont utilisées judicieusement, et où le développement profite à tous. La gouvernance multi-niveaux offre ce cadre : il reste à nous engager collectivement pour qu’elle devienne une réalité tangible et bénéfique pour tous. La gouvernance multi-niveaux n’est pas seulement une idée de gestion publique : c’est un outil essentiel pour transformer la décentralisation en réalité concrète et efficace. Tout au long de cet article, nous avons vu comment la GMN permet d’articuler clairement les rôles des différents niveaux de l’administration, de rapprocher la prise de décision des citoyens, d’améliorer la transparence et la responsabilité, et de renforcer la participation et la cohésion sociale. En Haïti, où la centralisation a longtemps limité l’action locale, la GMN représente une véritable opportunité de réinventer la manière dont l’État interagit avec ses communautés. Pour que cette opportunité se concrétise, il ne suffit pas de reconnaître la valeur de la GMN : il faut agir concrètement. Cela implique de soutenir les communes et sections communales avec des moyens financiers et humains adaptés, de renforcer leurs capacités techniques et organisationnelles, et de créer des mécanismes de coordination efficaces entre tous les échelons de gouvernance. C’est aussi encourager la participation citoyenne, favoriser les initiatives locales et adopter des solutions innovantes, qu’elles soient numériques, partenariales ou institutionnelles. En somme, renforcer la gouvernance locale n’est pas un luxe, c’est un impératif pour le développement durable et inclusif du pays. Chaque citoyen, chaque acteur institutionnel et chaque collectivité territoriale a un rôle à jouer pour construire une Haïti où les décisions sont prises là où elles comptent le plus, où les ressources sont utilisées judicieusement, et où le développement profite à tous. La gouvernance multi-niveaux offre ce cadre : il reste à nous engager collectivement pour qu’elle devienne une réalité tangible et bénéfique pour tous.

Haïti : Vladimir Paraison prend la tête de la Police nationale dans un climat d’insécurité préoccupant

Port-au-Prince, 8 août 2025 — L’Inspecteur général André Jonas Vladimir Paraison, ancien responsable de la sécurité du Palais national, a été nommé et installé ce vendredi 8 août 2025 comme nouveau Directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH). Il succède à Normil Rameau, relevé de ses fonctions par décision du Conseil des ministres. Cette nomination intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu. Depuis plusieurs mois, le pays est en proie à une recrudescence de la violence armée, marquée par des affrontements entre gangs, des enlèvements ciblés, et des attaques contre les forces de l’ordre. Le département de l’Artibonite, notamment, est l’un des foyers les plus critiques, où plusieurs communes restent pratiquement sous le contrôle de groupes armés, perturbant la circulation, les activités économiques et la vie quotidienne des habitants. Face à cette situation, le nouveau directeur général de la PNH hérite d’une mission complexe : rétablir l’autorité de l’État, renforcer la capacité opérationnelle de la police, et restaurer la confiance d’une population souvent livrée à elle-même. Les attentes sont immenses, alors que les appels à une réponse ferme et coordonnée se multiplient, tant au sein de la société civile que parmi les partenaires internationaux d’Haïti. Dans ses premières déclarations, M. Paraison a affirmé vouloir « redynamiser l’action de la Police nationale et intensifier les opérations contre les groupes armés », tout en mettant l’accent sur la coopération avec les communautés locales et le soutien logistique nécessaire pour mener à bien cette lutte. Reste à savoir si, dans un pays confronté à des défis institutionnels, économiques et sociaux profonds, cette nouvelle direction à la tête de la PNH pourra infléchir la courbe inquiétante de l’insécurité. Les prochains mois seront déterminants pour mesurer l’impact de cette nomination sur la stabilité et la sécurité en Haïti.

Haïti face à l’échec politique : Urgence de refonder la classe politique

Port-au-Prince, 29 juillet 2025 - Depuis plusieurs décennies, Haïti traverse une crise politique chronique, marquée par l’instabilité institutionnelle, la faiblesse de l’État, la méfiance citoyenne et l’incapacité des élites à répondre aux aspirations de la population. Cette situation trouve l’une de ses causes principales dans l’échec patent de la classe politique haïtienne. Loin de servir l’intérêt général, celle-ci perpétue des logiques de clientélisme, de prédation, et de personnalisation du pouvoir. Face à cette impasse, il devient impératif de penser une refondation radicale de la classe politique haïtiennes, seule voie possible vers une Haïti démocratique, stable et prospère. Par extension, la classe politique désigne l’ensemble des individus qui occupent des fonctions politiques importantes dans une société donnée, que ce soit au niveau local ou national. Cela inclut les élus, les dirigeants de partis, certains hauts fonctionnaires, voire des acteurs influents sans mandat électif mais ayant un rôle dans les décisions politiques du pays. La politique, dans son essence première, est l’art de gérer la cité au profit de l’intérêt général. Cette thèse est soutenue par plusieurs penseurs politiques notamment Aristote, Platon, Rousseau, Hannah Arendt. En résumer, la politique est aussi un outil au service de la nation, un moyen d’organiser la société, de garantir la justice sociale, et de promouvoir le développement économique et sociale d’un pays. Toutefois, en Haïti, cette noble mission semble détournée au profit d’intérêts particuliers. Le pays fait face à une classe politique souvent accusée de clientélisme, de corruption et d’incompétence, transformant la politique en instrument de pouvoir personnel plutôt en un élément déclencheur de transformation nationale. Certes, cette situation appelle à une urgence profonde de refonder de la classe politique. La classe politique haïtienne actuelle souffre d’un triple déficit de légitimité, de compétence et d’éthique. Nombre de ses membres ne doivent leur position ni à une vision politique claire, ni à un enracinement démocratique, mais plutôt à des arrangements opportunistes, à la manipulation des processus électoraux, ou à des alliances avec des groupes armés ou économiques. Comme le souligne Pierre Bourdieu, « la politique est un métier comme un autre, qui suppose un apprentissage, des règles, une éthique ». En d'autres termes, la politique est comme l'économie, la médecine, la chimie et la physique. Une mauvaise application de ces connaissances pourrait mettre en danger la vie humaine. Or, en Haïti, la politique est souvent réduite à une voie de promotion personnelle ou de captation de ressources publiques, au détriment du bien commun. En conséquence, ce phénomène engendre une profonde crise de confiance entre les citoyens et leurs représentants, renforçant l’abstention, la résignation ou, pire, le recours à des formes extrêmes de contestation. De plus, cette classe politique contribue à l'effondrement progressif de toute culture politique. L'absence de projets de société clairs, la faiblesse des partis politiques et la vacuité des débats publics, compromettent la transmission des valeurs démocratiques et de citoyenneté. Comme l'a analysé Hannah Arendt dans son livre « La crise de la culture », la crise de la politique survient lorsque « les citoyens ne croient plus que la politique peut changer leur vie ». Effectivement, la permanence de cette classe politique déconnectée et inefficace constitue une menace existentielle pour Haïti. De 1986 à date, elle nourrit une spirale de méfiance, d’apathie, et de violence. Le blocage de toute réforme structurelle qu’elle soit institutionnelle, éducative, économique ou sécuritaire dans le pays. C’est en grande partie le fruit de cette élite politique incapable d’agir au-delà de ses intérêts immédiats, malgré l’apport de la fameuse constitution de 1987. Dans son ouvrage La société contre l'État, Pierre Clastres montre comment certaines sociétés refusent la centralisation du pouvoir pour éviter la domination. Pourtant, en Haïti le pouvoir est capté par une minorité politique sans légitimité populaire, qui étouffe toute forme de participation citoyenne réelle et empêche l’émergence d’une gouvernance inclusive dans le pays. Comme politologue, on observe que la politique haïtienne est dévoyée entre intérêts personnels et logique de clan, et cette pratique ne date pas d’hier. Aujourd’hui, cette pratique est en perpétuelle répétions. Ce qui fait au lieu de mettre la politique au service de la nation, une grande partie de la classe politique haïtienne s’illustre par l’accès aux postes de pouvoir est souvent dicté par des logiques d’affiliation politique, familiale ou régionale ou sectorielle. La compétence est reléguée au second plan, au profit de la loyauté envers des figures ou clans politiques. Autre observation, la mauvaise gestion des fonds publics, les scandales de corruption à répétition, notamment autour du fonds de la CIRH, du fonds Petro-Caribe, Fonds de Gestion et de Développement des Collectivités territoriales (FGDCT) et autres, illustrent la déviation des ressources publiques au profit d’intérêts privés. En ce sens, on réalise que l’opinion des citoyens comprend L’État dans sa structure et sa représentation comme un butin de guerre électorale. De nos jours, la politique devient un moyen d’enrichissement rapide, au détriment des missions fondamentales de service public, de développement et de gouvernance. À cause de ces mauvaises pratiques, ils ont des conséquences sur nous comme citoyens et ceci sans exception, mais aussi il a des conséquences sur la nation haïtienne dans les rapports interétatiques. Notre attitude de la politique à servir la nation a des conséquences désastreuses. La faiblesse chronique des institutions démocratiques favorise l’instabilité, les crises récurrentes et l’impunité. Le peuple haïtien se détourne de plus en plus de la chose publique, voyant dans la politique une arène de mensonges et de trahisons. Cela alimente l’abstention électorale et la désaffection civique. Le sous-investissement dans l’éducation, la santé, l’agriculture ou les infrastructures est le reflet d’une élite politique plus préoccupée par le court terme électoral que par des réformes structurelles. En tant que politologue, face à l'échec de la classe politique pour nous, il est évident de repenser la classe politique pour reconstruire l'État. Il ne s'agit pas seulement de « changer de visage », mais de changer les fondements mêmes de la participation politique en Haïti. Pour nous, repenser la classe politique, c'est imposer des critères d'intégrité, de transparence et de responsabilité. Cela suppose une réforme profonde du financement de la vie politique, du fonctionnement des partis politiques et de la gestion des mandats publics. Le bon fonctionnement de la démocratie nécessite des citoyens formés et des acteurs politiques compétents. Il est nécessaire d'intégrer l'éducation civique dès l'école et de favoriser l'apparition de nouvelles générations de leaders provenant de la société civile, des universités, des syndicats ou des communautés. Il est essentiel de transcender les logiques des partis individuels afin d'établir de réelles organisations idéologiques aptes à structurer la politique et à présenter des projets précis. Et encourager l'implication des jeunes, des femmes, des dirigeants communautaires et des diasporas. La représentation de la diversité et de la complexité de la société haïtienne contemporaine ne peut être assurée uniquement par l'élite politique actuelle. Pour conclure, refonder la classe politique n’est pas un luxe ni une utopie, c’est une obligation et une nécessité vitale pour Haïti. Il en va de la survie démocratique de la nation. L’histoire nous enseigne que les transitions réussies reposent toujours sur l’émergence d’élites responsables et visionnaires, capables de placer l’intérêt général au-dessus des intérêts partisans ou personnels. Haïti a besoin de politiques qui incarnent l’avenir, et non qui s’accrochent au passé. Cette refondation passe par un sursaut collectif, une volonté politique forte, et l’engagement de tous les secteurs de la vie nationale. Comme l’écrivait Aimé Césaire : « Il est temps de faire de l’histoire une force vivante ». Pour Haïti, cette histoire commence par la construction d’une nouvelle classe politique au service de la nation. Refonder une nouvelle classe politique, c’est restaurer le lien de confiance entre gouvernés et gouvernants, et faire de l’action publique un instrument au service du bien commun. Le renouveau de la nation haïtienne passe nécessairement par le renouveau moral, intellectuel et éthique de sa classe politique.

Crise politique : le CNSG propose une sortie alternative fondée sur la légitimité territoriale

Pétion-Ville, 16 juillet 2025 Dans un contexte où l’insécurité, l’instabilité institutionnelle et la méfiance généralisée envers les autorités publiques fragilisent davantage le tissu social haïtien, le Conseil National de Symposium sur la Gouvernance (CNSG) a publié une note de presse percutante pour exprimer son inquiétude face à la crise persistante dans le pays. À travers ses représentants issus des dix départements géographiques, le CNSG dresse un constat d’échec clair du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’il accuse d’inaction, de mauvaise gouvernance et d’absence de plan structuré pour restaurer la sécurité publique. Dans sa déclaration, l’organisme critique également l’élitisme des négociations politiques actuelles, jugées déconnectées des réalités rurales et populaires. Une alternative fondée sur le territoire et la légitimité Le CNSG propose une transition politique ancrée dans la représentativité départementale et le retour à l’ordre constitutionnel, avec des mesures phares comme : • La nomination d’un juge à la Cour de cassation au 7 février 2026, qui jouerait un rôle de coordination durant la transition ; • La mise en place d’un gouvernement de 11 membres, secondé par 9 représentants départementaux ayant rang de ministre ; • Un pacte national de dialogue inclusif pour rétablir la confiance sociale et freiner la violence ; • Un projet de développement industriel et de décentralisation pour créer de l’emploi ; • Et enfin, l’organisation rapide d’élections générales crédibles. • Dans un climat socioéconomique où les prix flambent, l’État recule et les gangs armés avancent, le CNSG invite les forces vives de la nation à se mobiliser autour de cette voie alternative. Il en appelle aussi aux partenaires internationaux sincèrement engagés, leur demandant de sortir de la posture diplomatique pour soutenir des actions concrètes sur le terrain. Cette prise de position survient alors que plusieurs communes comme Marchand Dessalines, Liancourt ou Gonaïves sont sous pression constante des groupes armés. La population civile, prise au piège entre famine et violence, crie son ras-le-bol, tandis que le Conseil Présidentiel peine à établir une autorité cohérente.

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